Espagne, nouvelle politique énergétique pour les villes

Interview de Fernando Ferrando, président de la Fundación Renovables


À propos

Date de publication

20 juillet 2018

L’Espagne vient de faire des progrès intéressants en matière d’énergie. Teresa Ribera, experte en développement durable, est à la tête du tout nouveau ministère espagnol de la Transition écologique. Elle travaille sans concession pour atteindre les objectifs ambitieux de l’UE pour l’efficacité énergétique et les énergies renouvelables, dévoilant son projet de faire abroger l’impôt sur le soleil instauré dans son pays et qui a fait grand bruit. De plus, devraient être lancés d’ici la fin de l’année une loi sur les changements climatiques, attendue de longue date, et un plan intégré pour le climat et l’énergie.

Dans cet article, notre invité, Fernando Ferrando, président de la Fundación Renovables, une fondation espagnole qui défend un système centré sur les énergies renouvelables, raconte le rôle des villes dans la transition énergétique de l’Espagne.

Notre fondation, Fundación Renovables, a récemment dévoilé à Madrid toute une série de mesures pour la réalisation de la transition énergétique dont nous avons, à notre sens, urgemment besoin. Dans le rapport intitulé « Hacia una Transición Energética Sostenible » (Vers une transition énergétique durable), nous soulignons notamment le besoin de dynamiser la demande et de mettre en place des mesures pour l’efficacité énergétique et un système zéro émission qui touchent à la fois la consommation et l’approvisionnement en énergie, en remplaçant les énergies fossiles et nucléaires par des énergies renouvelables.

Par ailleurs, nous retenons 2030 comme date butoir. Selon nous, pour atteindre la décarbonisation d’ici 2050, il est nécessaire d’apporter un changement radical vingt ans plus tôt, dans la façon dont nous utilisons et pensons l’énergie. Nous nous reposons sur l’idée que les mesures fiscales constitueront un des principaux moyens d’atteindre cet objectif.

Plus de 80 % des Espagnols vivent en zone urbaine, et les villes où ils habitent représentent 75 % de la consommation d’énergie du pays. Les actions que nous appelons de nos vœux doivent concerner toutes les strates du paysage urbain, des simples quartiers aux districts, et devraient couvrir la mobilité, la rénovation des bâtiments et des projets pour de nouveaux espaces publics. Un des principes fondamentaux défendus par notre rapport consiste à voir les municipalités comme moteurs d’un nouveau paradigme énergétique.

Dans notre rapport, en matière d’énergie, nous voyons les villes comme des fournisseurs de service mais aussi comme des entrepreneurs. En d’autres termes, puisque l’énergie est un service public, les villes doivent prendre en charge de nouvelles missions telles que la vente d’électricité et la gestion de leur propre paysage énergétique. Au bout du compte, cela entraînera le développement d’installations génératrices d’énergie renouvelable, propriétés des municipalités, et/ou la création de plateformes pour la collaboration horizontale en matière d’échange d’énergie.

Concernant la mobilité et les transports, au-delà de la régulation des accès et du trafic pour les véhicules qui ne répondent pas aux normes d’émission, nous proposons également l’interdiction des véhicules diesel d’ici 2025, et l’interdiction de tous les véhicules à moteur à combustion interne d’ici 2040.

Concernant les bâtiments, en plus de promouvoir l’autonomie énergétique et l’interdiction ou la taxation d’installations au gaz et l’utilisation d’énergies fossiles, nous souhaitons qu’un engagement soit pris pour que 100 % de la consommation des bâtiments publics provienne de source d’électricité renouvelable et que leur efficacité énergétique soit améliorée de 50 % d’ici 2030. Cela passera par un plan de réhabilitation énergétique généralisé pour les bâtiments.

Par ailleurs, la Fundación Renovables croit fermement que le développement urbain durable doit aussi tendre vers un système énergétique qui renforce la place des citoyens.
Nous sommes convaincus que les villes ont la capacité de réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 80 % d’ici 2040, si elles adoptent des plans d’action adaptés. Nous avons décrit ces plans dans notre précédent rapport intitulé « Ciudades con Futuro » (« Des villes d’avenir »).

Toutes les propositions que je formule ici font partie intégrante de deux documents stratégiques : Tout d’abord, la Hoja de Ruta (Feuille de route), que nous avons créée en 2017 en partenariat avec les autorités municipales de Madrid. En second lieu, notre analyse de la situation énergétique de la ville basque de Vitoria-Gasteiz, où nous travaillons actuellement sur des propositions qui ont le potentiel d’amener à une feuille de route énergétique améliorée pour la ville.

Note de l’éditeur :
Dans la même perspective, les villes les plus libérales d’Espagne Barcelone, Cadix, Madrid, Pampelune et Saragosse, ont récemment publié une déclaration conjointe pour appeler à une transition vers les énergies renouvelables en Espagne .

Energy Cities en Espagne

En avril dernier, Claire Roumet et Miriam Eisermann (respectivement Déléguée générale et Responsable Communication & Politique d’Energy Cities) se sont rendues en Espagne pour débattre de la remunicipalisation en Europe et des bonnes pratiques d’adaptation, dans un premier temps au 25e anniversaire de l’Anneau vert de Vitoria-Gasteiz, puis à Vilafranca del Penedès, une ville, ont-elles découvert, déterminée à prendre le contrôle de son approvisionnement en énergie. 
Ce mois-ci, nous sommes fiers d’accueillir notre nouveau membre espagnol, Valence, et ses 780 000 habitants, dans le réseau Energy Cities.

À vos agendas : Energy Cities proposera cette année des ateliers à la Conférence Conama à Madrid (26-29 novembre) sous l’égide de la Plateforme de Networking Renouvelable.