Avez-vous déjà ressenti cette sensation d’excitation qui vous met le rose aux joues, vous noue l’estomac, et vous pousse irrésistiblement à… entreprendre des travaux de rénovation de grande ampleur dans votre immeuble avec vos voisin‧e‧s ? C’est ce qu’ont expérimenté 80 736 copropriétaires grâce au projet ACE-Retrofitting.
Mais revenons au constat de départ : la plupart des bâtiments en Europe du Nord-Ouest affichent une faible performance énergétique et ont besoin d’être rénovés en profondeur. Et même si les collectivités locales ont pris à bras le corps la question du changement climatique, le patrimoine bâti, et notamment les copropriétés, particulièrement difficiles à mobiliser, reste le maillon faible. Or focaliser les efforts de rénovation sur les bâtiments résidentiels détenus en copropriété, c’est permettre à un grand nombre de propriétaires privé‧e‧s de bénéficier de logements plus performants d’un point énergétique tout en réduisant leur facture d’énergie et leur empreinte carbone de 50 à 70%.
Il y a un peu plus d’un an s’achevait ACE Retrofitting, un projet conçu pour aider les collectivités locales à servir de facilitatrices entre copropriétaires et professionnel‧le‧s du bâtiment. Grâce ce projet, 80 736 copropriétaires ont pu être accompagné‧e‧s, 4 026 ont été formé‧e‧s, 356 plans de rénovation ont été adoptés et des travaux de rénovation ont été entrepris dans 371 copropriétés, soit un total de 10 815 appartements. Ce projet a été un franc succès mais les villes pilotes ne se sont pas pour autant reposées sur leurs lauriers. Que s’est-il passé depuis que les financements Interreg ont cessé ? Où en sont les villes pilotes dans la rénovation de copropriétés et sont-elles parvenues à partager leurs enseignements avec d’autres ? Voici un petit récapitulatif de ce que quatre de ces villes ont entrepris et testé pour faciliter la rénovation énergétique des copropriétés.
Dans le cadre du projet ACE-Retrofitting, la Ville de Liège a travaillé avec l’agence locale de l’énergie et avec le Syndicat national des propriétaires et copropriétaires pour atteindre cette population. Et pour mobiliser les professionnel‧le‧s du bâtiment, elle a collaboré avec deux réseaux d’entreprises wallonnes, représentant en tout environ 500 membres, œuvrant dans le domaine des bâtiments durables et de la rénovation énergétique.
L’ensemble des méthodes innovantes développées par l’Agence Parisienne du Climat a été baptisé CoachCopro. Son élément central et le plus visible est une plateforme collaborative en ligne, un outil considéré comme indispensable pour atteindre la portée critique nécessaire. Mais l’expérience a montré qu’une plateforme web ne suffit pas et que d’autres activités d’information et de mise en relation sont nécessaires pour mobiliser le plus grand nombre.
Les partenaires de la Ville de Francfort en ont fait la douloureuse expérience pendant le projet : bien que le fait de disposer de conseils gratuits et indépendants ait été hautement apprécié des copropriétaires, les efforts déployés pour susciter leur intérêt n’ont pas eu le succès escompté. La leçon à tirer est que toute nouvelle mesure mise en place par la Ville et ciblant les copropriétés devra inclure des actions de sensibilisation.
Lorsque l’approche ACE-Retrofitting a été testée à Aberdeen, les partenaires ont concentré leurs efforts sur les immeubles anciens. La plupart ont plus de 100 ans et comptent en moyenne 6 à 8 appartements. Les partenaires ont rencontré les résident‧e‧s afin de discuter des mesures d’amélioration de la performance énergétique qui pouvaient être prises dans leur immeuble et des avantages de leur mise en œuvre. Iels les ont également conseillé‧e‧s sur les points à vérifier au moment de choisir une entreprise de rénovation, comme l’appartenance à une fédération du bâtiment ou la souscription d’une garantie professionnelle.
Les villes doivent multiplier les preuves d’amour envers les copropriétés. Ce ne sont pas des cibles faciles à atteindre et elles nécessitent des stratégies bien pensées. Mais des outils existent et des villes pionnières ont montré que, malgré leur complexité, il est possible d’apporter des solutions. Ce qui fait encore trop souvent défaut, c’est la prise de conscience politique de l’importance stratégique des copropriétés. Or plus les collectivités locales prendront des décisions et des mesures politiques en faveur de la rénovation des copropriétés, plus nous disposerons d’enseignements, de données et de conseils que nous pourrons partager. Car les rénovations ne permettent pas seulement d’obtenir des logements plus performants, et donc plus agréables à vivre, mais également de mieux se connaître et de recréer du lien entre voisin‧e‧s.