Olinda, la ville invisible imaginée par Calvino, se développe en cercles concentriques. Il faut une loupe pour apprécier tous les détails de cette ville en perpétuel renouvellement. Les vieux murs s’étendent, entraînant avec eux les vieux quartiers. Des quartiers plus récents apparaissent aux marges et s’amincissent pour faire place à des quartiers encore plus récents qui font pression de l’intérieur (Les Villes Invisibles, Italo Calvino).
A l’instar d’Olinda, nos villes doivent se régénérer en permanence pour rester à l’épreuve du temps. C’est pourquoi le HUB Economies Justes travaille à repenser le potentiel des villes en créant une économie locale plus respectueuse des personnes et plus économe en ressources.
Le 18 octobre à Modène, dans le cadre de la journée d’inspiration de notre Forum annuel, nous avons convié nos partenaires et membres à un voyage à travers la régénération urbaine pour comprendre comment rendre l’espace public aux citoyennes. Regardons tout cela de plus près !
Comment redonner vie à des espaces abandonnés ?
Notre visite de la ville italienne de Modène a montré que l’art peut transformer d’anciens hôpitaux et bâtiments industriels. Le parcours a commencé au cœur du centre historique, au Polo Sant’Agostino. Ce qui était à l’époque un hôpital deviendra bientôt l’un des plus grands centres culturels italiens, avec un espace d’exposition, et regroupera les principales institutions culturelles de la ville.
Pour la deuxième étape de cette promenade inspirante, nous nous sommes rendus au Parc de la créativité de Modène, où quatre bâtiments majeurs ont été réhabilités pour devenir :
Ces rénovations ont donné lieu à une régénération urbaine plus vaste, avec l’introduction d’éléments tels qu’une place piétonne, des aménagements pour les vélos et de nouvelles voies d’accès. La transformation de Modène se poursuit avec des projets de reconversion d’un ancien site industriel en un quartier d’innovation pour la mobilité durable, soutenu par le plan national pour la reprise et la résilience, et offrant des possibilités de création d’entreprises et d’exploration plus poussées.
Il nous faudra revenir pour voir tout cela !
Une ville éthique doit se préoccuper de sa population. Aujourd’hui, les publicités sont omniprésentes et ont un impact énorme. Cette surexposition incite en effet à la surconsommation en créant de nouveaux besoins et en promouvant des produits ou des services en contradiction avec l’urgence climatique et les limites planétaires.
Afin d’engager une discussion avec nos intervenants et le public, nous avons adopté le méthode du Tribunal des Générations Futures, un « procès » pour déterminer si les villes peuvent se réapproprier l’espace public et comment elles peuvent le faire.
Charlotte Braat, membre de la campagne Advertising Fossil Free, a témoigné du fait que 25 villes dans le monde ont déjà interdit la publicité pour les énergies fossiles. Son organisation, basée aux Pays-Bas, plaide en faveur d’une loi nationale ou internationale interdisant toute forme de publicité liée aux énergies fossiles (produits et services, secteur de l’aviation, etc.), sur le modèle de l’interdiction de publicité en faveur du tabac établie par l’Organisation mondiale de la santé (Convention-cadre pour la lutte antitabac).
Ensuite, trois conseillers municipaux – Ziggy Klazes de la ville de Haarlem, Flavia Boghiu de la ville de Brasov et Benjamin Badouard de la Métropole de Lyon – ont partagé leurs expériences en matière de restriction de la publicité extérieure dans leur ville. À Haarlem, une loi locale vise à interdire les publicités pour les vols vers des destinations de vacances, les voitures non électriques et les combustibles fossiles à partir de 2024. Brasov, la destination la plus populaire de Roumanie, veut devenir une ville verte. Dans le cadre du projet HUB-IN, elle entend développer un espace public durable et respectueux en revalorisant ses traditions, en limitant les publicités sur les façades, en donnant plus d’espace aux piétons et aux habitants et en repensant le mobilier urbain. Quant à la Métropole de Lyon, elle a récemment voté une nouvelle réglementation locale sur la publicité extérieure. À titre d’exemple, ce règlement interdira 60 à 80 % des panneaux d’affichage privés, ainsi que les enseignes lumineuses au sommet des bâtiments. De plus, la taille des panneaux sera réduite et ne pourra dépasser 4 m².
L’exemple de Modène et d’autres villes, ainsi que les efforts déployés pour supprimer la publicité de nos espaces publics, nous rappellent que la voie vers des villes plus éthiques et plus durables commence par l’action locale.
Les villes ont largement la capacité de se réinventer en de nouvelles Olindas et Energy Cities est là pour les aider à libérer leur potentiel pour le bien-être de tous et toutes.