#RENNES2018 : PARTAGER LES RESPONSABILITÉS DANS UN SYSTÈME ÉNERGÉTIQUE RADICALEMENT NOUVEAU


Du 18 au 20 avril, la Ville de Rennes et Rennes Métropole ont accueilli la conférence annuelle d’Energy Cities 2018.

Les participants ont particulièrement apprécié de pouvoir :

  • Débattre de manière critique des nouvelles technologies et modèles économiques (Blockchain)
  • Questionner et échanger sur le potentiel d’initiatives collectives (communs urbains, coopération ville-campagne, projets transfrontaliers)
  • Discuter et soumettre des propositions en vue d’améliorer les politiques et cadres législatifs (session des maires et débat politique).

La conférence en images
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Le compte-rendu des diverses séances ainsi que les présentations et autres documents seront prochainement disponibles sur le site annualconference.energy-cities.eu

Trois jours inspirants de conférence à Rennes
« Je suis impressionnée par la variété des sujets et des solutions qui ont été débattus par tous ces représentants de villes très engagés » nous a confié, les yeux brillants, Monica Carcar, qui représentait pour la première fois la ville de Pampelune, lors d’une des pauses café dédiées au réseautage. Au cours de ces trois jours, le soleil a répondu présent, tout comme les dirigeants de villes, responsables politiques et innovateurs en tout genre venus en nombre assister à la Conférence Annuelle d’Energy Cities 2018. 200 personnes d’environ 30 pays se sont retrouvées dans ce lieu magique, un couvent du 14ème siècle entièrement rénové et surmonté d’une élégante extension vitrée de style moderne. De la ville de Ciechanowiec en Pologne, près de la frontière avec la Biélorussie, à Aradippou à Chypre, ce grand espace inondé de lumière s’est fait l’écho de l’incroyable volonté et créativité de ces acteurs du changement venus de toute l’Europe.

Chaque acteur de la transition énergétique doit faire face à des défis particuliers, mais au final, les questions qu’ils se posent sont les mêmes : comment transformer le système énergétique afin qu’il bénéficie au plus grand nombre ? Comment décentraliser la production en toute sécurité, transparence et de manière participative ? Que ce soit lors des tables rondes et ateliers ou lors de leurs escapades dans la ville de Rennes, les participants ont pu débattre de la manière de partager responsabilités et bénéfices attendus.

Les effets de l’énergie collective
Quelles alliances mettre en place pour mieux gérer nos ressources ? Des intervenants et des participants ont présenté de nombreuses options et expériences qui sont autant de pistes à explorer !

  • Michel Bauwens et Maïa Dereva de la P2P Foundation ont débattu de la gouvernance des Communs (ces ressources naturelles ou culturelles qui appartiennent à l’ensemble d’une communauté) et ont présenté des exemples concrets d’expériences réussies, des nombreux projets mis en œuvre par les habitants de Gand et son City Commons Lab, en passant par l’Assemblée Générale des Communs de Lille et le référendum sur l’eau en Italie, où les Communs sont désormais inscrits dans la Constitution.
  • On est plus créatif à plusieurs que seul ! C’est ce que nous avons retenu des expériences de démocratie participative présentées lors de l’atelier « Accélérer la transition énergétique au niveau local : parier sur les pionniers pour faire la différence ! ». Des villes comme Maastricht ou Grenoble n’ont pas hésité à mettre à disposition d’habitants proactifs un espace et des ressources afin qu’ils puissent mener des expériences de transition énergétique. Et ça marche ! Un exemple parmi tant d’autres ? Le projet de troc d’énergie présenté par Vincent Fristot, adjoint au maire de Grenoble, qui permet aux habitants désireux de réduire leur consommation d’énergie de faire don de l’équivalent des économies réalisées à des personnes en situation de précarité énergétique.
  • Les récits de coopération ville-campagne nous ont rappelé combien la solidarité est importante, de même que l’écoute et la compréhension mutuelles. En effet, ces deux mondes sont complémentaires, comme en témoignent la ville de Växjö et le comté de Kronoberg en Suède, où les territoires ruraux participent activement à la production d’énergie (grâce à des subventions nationales accordées pour l’installation de panneaux solaires sur les toits), ainsi qu’à la gestion des déchets au niveau régional.

Blockchain : la belle et la bête ?
La session du vendredi matin a porté sur la promesse et le potentiel que représente cette nouvelle technologie. Des exemples venus d’Espagne, de France et d’Allemagne, ont suscité l’espoir que la blockchain puisse un jour permettre aux acteurs locaux de reprendre la main sur la gouvernance énergétique.
Parce qu’elle offre une totale traçabilité, la blockchain pourrait en effet apporter une nouvelle dimension au marché de l’énergie en permettant par exemple d’obtenir des informations certifiées sur l’origine de l’énergie. Parmi les initiatives actuellement en cours d’expérimentation figure I-nuk. Cette start-up utilise la blockchain pour connecter de petits producteurs aux citoyens désireux de compenser leurs émissions de carbone. Beaucoup de petits et moyens producteurs d’énergie ne sont en effet pas certifiés pour des raisons de coût et ne peuvent donc offrir de compensation carbone. La blockchain permet une telle certification et grâce à une simple application, tout le monde peut compenser son trajet en taxi ou en avion en donnant de l’argent à de petits producteurs d’énergies renouvelables ! Lors des questions-réponses, le public a montré qu’il était partagé entre émerveillement et scepticisme face à ces nouveaux modèles économiques qui reposent sur un échange massif de connexions et de données.

La voix des maires : les politiques nationales et européennes doivent s’aligner sur l’Accord de Paris

La conférence a offert une tribune politique aux partisans d’un soutien au plus haut niveau. Nos délégués ont été très clairs : la transformation structurelle de notre système énergétique ne pourra se faire sans un engagement fort des gouvernements nationaux et régionaux et de l’Union Européenne.
Les gouvernements nationaux et régionaux doivent en effet définir des politiques qui permettent aux villes de mettre en œuvre la transition énergétique dans le cadre d’une stratégie européenne cohérente. Cela suppose de leur donner les moyens nécessaires pour y parvenir : comme l’a rappelé l’eurodéputée Isabelle Thomas, le Parlement européen a proposé de réserver 30 % du budget de l’UE à la lutte contre le changement climatique et de créer un fonds pour la transition énergétique, tout en maintenant les montants actuellement alloués à la politique de cohésion. Mais la Commission européenne et le Conseil n’ont pas encore dit leur dernier mot, et la bataille est loin d’être gagnée !

Ils l’ ont dit !

Celia Blauel, adjointe à la maire de Paris 
« La mise en place de l’Accord de Paris ne peut reposer sur les seules épaules des collectivités locales… Nous sommes tous concernés mais il faut que toutes les planètes politiques soient alignées ».
Eloi Badia, président par intérim de la régie de distribution d’eau et d’énergie de la Ville de Barcelone : « Nous avons besoin d’un cadre législatif pour aboutir à une souveraineté énergétique et une énergie zéro km. Avec notre régie municipale, nous nous rapprochons de cet objectif ». 
Eckart Würzner, Président d’Energy Cities
« Si les leaders européens n’écoutent pas la voix des villes portée par les réseaux de villes et la Convention des Maires pour l’énergie et le climat, ils ne survivront pas dans le système politique actuel ». 
Anne Walryck, Vice-Présidente de Bordeaux Métropole
« Un transfert de compétences du niveau national au niveau local ne suffira pas s’il n’est pas accompagné des ressources financières correspondantes ». 
Ondřej Kačaba, chargé de projets du réseau Villes-santé en République Tchèque

« La conférence a juste été parfaite et j’ai passé un très bon moment. Non seulement le programme et les thèmes abordés étaient intéressants et instructifs, mais l’atmosphère et toute l’organisation étaient également très réussies.  »

5 points à retenir de la conférence 

1- Rennes dispose d’un plan climat et énergie très ambitieux ! Emmanuel Couet, Président de Rennes Métropole, nous en a expliqué la démarche.

2- Energy Cities a rejoint la campagne « Small is beautiful »
Selon James Watson, CEO de SolarPower Europe, « installer de petites unités de production d’énergie renouvelable sur les immeubles de bureaux, les écoles, les bibliothèques et les hôpitaux est essentiel pour réussir la transition énergétique dans les villes. Energy Cities rejoint la campagne à un moment crucial alors même que les négociations finales sur le Paquet pour une énergie propre approchent à grands pas et que nous devons veiller à ce que l’UE soutienne les petites installations de production d’énergie renouvelable afin qu’elles puissent se développer ». 

3- La forte volonté des délégués français à renforcer la pression suite à la tribune publiée dans Le Monde: la contribution énergie climat doit en partie être fléchée vers le niveau local ! 

4- La publication de notre étude « Blockchain et tansition énergétique – quels enjeux pour les villes ? » permet de mieux comprendre le buzz autour des blockchains et comment cette nouvelle technologie peut aider à la transition énergétique. 

5- Découvrez de nouvelles occasions de travailler entre pairs avec notre appel à propositions pour la semaine de la transition énergétique 2019. Vous avez des idées pour renforcer la coopération entre villes allemandes et villes françaises ? Nous attendons vos propositions sur http://semainetransitionenergetique.fr

Rendez-vous l’année prochaine à Heidelberg du 22 au 24 mai ! 
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