VILLES RÉSILIENTES #2 : BRISTOL, TORONTO ET EL HIERRO VISENT L’AUTOSUFFISANCE


À propos

Auteur

Floriane Cappelletti

Date de publication

13 mai 2015

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « les communautés résilientes […] réagissent de manière proactive à des situations nouvelles ou difficiles, se préparent aux changements économiques, sociaux et environnementaux et gèrent mieux les crises et les difficultés ». A une époque où les termes « crises » et « difficultés » sont probablement ceux qui reviennent le plus dans les actualités, la résilience pourrait bien être la lumière au bout du tunnel.

« Une communauté résiliente produit la nourriture, l’énergie, l’eau, les revenus et toutes choses dont elle a besoin localement » (John Robb, auteur et entrepreneur américain). 
Cette autosuffisance entraîne de fait une plus grande indépendance des villes quant à la satisfaction de leurs besoins. Cela vous dit quelque chose ? L’idée de résilience est en effet étroitement liée à celle de transition énergétique décentralisée que défend Energy Cities. Mais que signifie le concept de résilience appliqué aux villes ? A quoi ressemble une ville résiliente en termes d’économie, de gouvernance ou de financement ?

Viser l’autosuffisance

Pour une ville, devenir résiliente signifie subvenir à ses besoins en encourageant la production locale d’aliments, en utilisant les res-sources locales mais aussi en créant des emplois, en maintenant une haute qualité de vie et en dynamisant la vie sociale.
Bristol, au Royaume-Uni, est considérée comme la ville la plus économe en énergie et en déchets du pays… et c’est également celle qui connaît la plus forte croissance. Dans le cadre de l’ini-tiative de la Fondation Rockefeller « 100 resilient cities », Bristol va développer un plan résilience. Comme l’explique son maire, George Ferguson :
« Si nous sollicitons le gouvernement pour qu’il réponde à nos besoins, il ne répondra qu’en satisfaisant nos besoins immédiats, et non ceux de 2030 ou de 2040 ».

L’agriculture urbaine est une solution pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. A Toronto, Canada, la municipalité a créé un service pour soutenir les « cultivateurs urbains ». Ce service identifie les terrains disponibles et net-toie les anciens sites industriels pour permettre un usage agricole. La loi impose de créer au moins un jardin par-tagé par quartier. Inciter à l’autosuffi-sance alimentaire se justifie à plusieurs niveaux. En cas d’interruption des approvisionnements, la population des grands centres urbains mondiaux ne tiendrait que trois jours avant de connaître la faim. Sans parler de l’empreinte écologique : en Europe, les aliments parcourent en moyenne 3000 km avant d’atteindre l’assiette des consommateurs. Entre autres avantages, l’autosuffisance alimentaire est source d’emplois et de revenus pour la ville, production et consommation (achat) intervenant au même endroit.

Il en est de même pour la fourniture d’énergie, comme en témoigne la petite île espagnole de El Hierro. Elle s’apprête à devenir la première île auto-suffisante en énergie au monde, alors que son approvisionnement dépendait encore il y a peu d’une unique centrale électrique alimentée en énergie fossile. Tomas Padron, qui a travaillé dans cette centrale, se souvient : « Tout le monde pensait que c’était une idée folle ».

Lire notre dossier « Des villes à l’épreuve du temps : la résilience est-elle la clé ? » dans le dernier numéro du magazine Energy Cities INFO (pages 4 à 6).

© image Rodho