Le chauffage au gaz va-t-il connaître le même sort que le diesel ?

Pourquoi l’instauration de zones limitant les émissions liées au chauffage sera la prochaine étape pour atteindre zéro émission nette en Europe


L’an prochain, je vais devoir acheter une nouvelle voiture. La région de Bruxelles a en effet instauré une LEZ (pour Low Emission Zone ou zone basses émissions) et ma bonne vieille Renault Clio diesel de 2008, trop polluante, n’y est plus la bienvenue. Nul ne remet en cause la nécessité de restreindre la circulation des véhicules les plus polluants. Les 250 et quelques villes qui ont mis en place des LEZ ont vu leurs émissions de NO2 baisser de près de 32 % et ont permis de sauver de très nombreuses vies. Des résultats qui ne feront que s’améliorer au fur et à mesure du durcissement des conditions de circulation dans ces zones. Par ailleurs, ce type de mesure est plutôt bien accepté en Europe, deux tiers des Européens en approuvant le principe.

                Des LEZ pour le chauffage pourraient-elles voir le jour ?

Des villes comme Hambourg ou Vienne ont commencé à adopter une démarche similaire pour le chauffage, un secteur responsable de 40 % de la consommation d’énergie en Europe. Le chauffage au fioul est ainsi interdit à Hambourg, tandis que Vienne, ville membre d’Energy Cities, mène la charge en faveur des quartiers à énergie positive.

Personnellement, je vais probablement opter pour une voiture électrique d’occasion qui me coûtera entre 10 000 et 15 000 euros, soit le même prix que l’installation d’une pompe à chaleur en remplacement d’une chaudière au gaz. Jan Rosenow, de l’ONG ‘Regulatory Assistance Project’, a calculé que remplacer une chaudière à gaz, même en parfait état de marche, permet de réduire les émissions de carbone au bout de 18 mois seulement et que sur les 20 ans d’utilisation de la pompe à chaleur, celle-ci n’émettra que « 4 % des émissions de carbone générées par le fonctionnement d’un système au gaz ».

Tout feu mais sans flamme – une Europe sans gaz à l’horizon 2050

Les décisions prises au niveau national d’éliminer progressivement les véhicules diesel et essence ont sans conteste largement contribué à l’émergence des LEZ. Ces législations nationales fixent un cap clair, un objectif commun dont les LEZ instaurées par les villes ne font qu’accélérer la réalisation (tout en laissant suffisamment de temps au marché et aux particuliers pour s’y préparer et s’adapter).

Les Pays-Bas ont, quant à eux, décidé d’interdire tout chauffage au  gaz d’ici 2050. Selon nos membres néerlandais, cette décision  a grandement aidé, mais également légèrement compliqué, les relations avec les habitants. Finis les longs débats sur la manière de rendre plus performants les systèmes existants, cette décision a fait place nette pour de  nouvelles solutions radicalement différentes. Mais dans certains endroits, les responsables locaux sont interpelés sur le fait qu’aucun autre pays, ni même l’Union Européenne, n’a pris de mesure dans ce sens. Malgré cela, les Pays-Bas continuent d’avancer en construisant le bien nommé et très impressionnant réseau de chauffage urbain XXL. Une décision similaire prise par un Etat membre, voire l’Union Européenne, donnerait aux villes l’alibi politique nécessaire pour renforcer leurs ambitions et instaurer des zones basses émissions pour le chauffage.

Zones basses émissions pour le chauffage et vague de rénovations – le combiné gagnant

La mise en place de LEZ pour le chauffage doit s’accompagner d’une vague de rénovations. Installer une pompe à chaleur ou construire un réseau de chauffage urbain pour chauffer des logements peu ou mal isolés n’est pas une solution efficace sur le plan des ressources. A contrario, planifier une vague de rénovations à l’échelle d’un quartier permet aux propriétaires d’obtenir les aides nécessaires pour rénover leur logement et faire installer par la suite une pompe à chaleur ou tout autre système de chauffage à faibles émissions de carbone. Un cercle vertueux pourrait même être enclenché en développant, dans le cadre de la vague de rénovations, des programmes d’énergie citoyenne pour alimenter les pompes à chaleur avec de l’énergie verte produite localement, contribuant ainsi à réduire encore plus les émissions, avec des retombées socio-économiques significatives au niveau local.

L’ère des véhicules diesel et essence touche à sa fin. Il est temps que les systèmes de chauffage basés sur les énergies fossiles connaissent le même sort.