Réparer et Préparer / Relance et Résilience / Nextgeneration EU

Edito politique par Claire Roumet


À propos

Date de publication

11 juin 2020

Non, ce ne sont pas des mots croisés ni une liste de possibles hashtags  mais le nom des propositions faites par la Commission européenne le 27 mai dernier pour sortir de la crise. De certaines des propositions seulement, puisqu’il y a plus de 28 textes. La capacité de réaction pour répondre au défi est comparable aux montants qui ont été mis sur la table : des centaines de milliards d’euros. Et il est tout aussi impressionnant de voir que certains dogmes sont tombés, en particulier celui des dettes publiques.

Il est difficile de faire une analyse détaillée de tant d’initiatives. Pourtant, on peut en dessiner quelques grandes lignes. D’abord une réelle volonté de verdir les programmes économiques et de cohésion de l’Union européenne, sans pour autant avoir les moyens ni le temps d’inscrire de nouveaux principes fondamentaux dans les textes. On parle donc beaucoup de résilience et de transition énergétique, mais quand viennent les critères d’évaluation qui seront utilisés pour accepter ou non les plans nationaux de relance, plus rien… On ne parle alors que d’économie.

Ensuite, pour répondre à l’urgence, la Commission n’a pu que s’appuyer sur des propositions existantes, voire déjà adoptées, pour renflouer rapidement l’économie européenne. Cela limite d’autant la capacité de ces programmes à soutenir le changement vers un système basé sur les ressources limitées et ayant pour objectif la neutralité carbone.

Enfin, il ne suffit pas d’ouvrir les vannes financières pour que les acteurs·rices de terrain puissent en bénéficier, et que toute la société soit mobilisée pour construire la résilience de demain… C’est là le point le plus noir de toutes les propositions : il s’agit principalement du renforcement de ce que l’on appelle le « semestre européen », qui est en fait une négociation entre les services de la  Commission européenne et les fonctionnaires des ministères des finances ou de l’économie dans chaque Etat membre. Cela limite fortement les capacités des acteurs·rices d’être associé·e·s à l’élaboration des stratégies de sortie de crise et de dessiner le futur que ces centaines de milliards d’euros doivent financer.

En résumé, de beaux mots, pas forcément vide de sens, mais tout de même relativement peu « ancrés » dans les propositions législatives, une place anecdotique pour le Parlement européen mais aussi pour les acteurs·rices de terrain qui sont pourtant censé·e·s être les premier·e·s bénéficiaires de cette « relance ». On ne pouvait pas attendre une révolution de la part d’une institution européenne, et il faut reconnaitre que des efforts ont été faits pour inscrire la transition dans le plan de relance. Toutefois il faudra plus que le Business As Usual si l’on veut sérieusement répondre aux enjeux sociaux et climatiques, et garantir aux « nextgeneration EU » un futur vivable et désirable.